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Bailli exerçant son dur métier

Toute ressemblance… hein, bon, on s’est compris.

Bailli

Le bailli ou le sénéchal étaient des représentants du roi dans de petits territoires : le bailliage et la sénéchaussée. […]

Au Moyen Âge

À partir de la fin du XIIème siècle, le domaine royal s’agrandissant, le roi en tant que seigneur de ces territoires, ne pouvait être présent partout. Il nommait alors un bailli ou un sénéchal pour exercer son autorité seigneuriale : percevoir ses impôts seigneuriaux, rendre sa justice seigneuriale, rassembler les contingents d’hommes que la seigneurie devait envoyer à l’armée royale (le service d’ost). Les baillis ont été des agents efficaces pour imposer l’autorité du roi face aux autres autorités locales (les autres seigneurs régionaux, les évêques, les municipalités…).

Dans les Temps modernes

À l’origine les baillis étaient recrutés parmi la noblesse d’épée. Mais à partir du XVIème siècle on pouvait acheter cette charge et même en cumuler plusieurs. Au début du XVIème siècle il y avait 86 bailliages et en 1789 près de 400. La taille des bailliages était très variable et leurs limites souvent imprécises, ce qui provoquait des contestations d’autorité.

À partir du XVIème siècle, les bailliages deviennent surtout des tribunaux d’appel pour les procès devant le tribunal du prévôt royal ou les tribunaux seigneuriaux. Ils sont des tribunaux de première instance pour les nobles, les affaires de biens ecclésiastiques et certaines affaires criminelles. Ils disposent alors d’un personnel nombreux de fonctionnaires. Le bailliage servait aussi de cadre territorial pour l’élection des députés aux états-généraux.

Pompé sur : https://fr.vikidia.org/wiki/Bailli

Lettre à une cantatrice

Publié: 9 décembre 2013 par tristessecontemporaine dans Lis.tes.ratures
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L’Art de l’Oisiveté est un recueil de textes écrit par Hermann Hesse ; « Écrits entre 1899 et 1959, les textes réunis ici  parlent de musique, de peinture, de livres, de villes, de paysages, de rencontres. À travers eux, Hesse définit sa position face au monde contemporain et propose un nouveau rapport à l’existence, qu’il nomme «l’art de l’oisiveté». Prônant l’humour, le scepticisme, l’esprit critique, bref, la liberté de l’individu, il touche ici à l’essentiel, ce qui explique pourquoi ces textes sont aujourd’hui encore si actuels. »

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L’extrait suivant est tiré de Lettre à une cantatrice. Il s’adresse effectivement à une cantatrice mais c’est une lettre qui n’est pas destinée à être réellement envoyée. Il y aborde différents thèmes, celui de la musique bien-sûr, mais aussi celui de l’individualisme comme moyen de ne pas céder à la « psychose de masse ».

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La jouissance artistique n’a pour moi rien de commun avec l’ivresse ou le désir de s’instruire. Elle est oxygène, nourriture, et lorsque j’entends une musique qui me répugne, une musique trop doucereuse, trop mielleuse ou trop piquante à mon goût, je la rejette de façon presque instinctive, non comme un critique doué d’une profonde connaissance de l’art. Cela n’exclut pas cependant que cet acte instinctif se révèle bien souvent justifié lorsqu’il est ensuite soumis à l’examen de la raison. Les artistes ne peuvent subsister sans cet instinct, sans cette hygiène de l’âme que chacun pratique à sa manière.

Mais revenons à la musique. Mon éthique artistique est sans doute légèrement teintée de puritanisme ; c’est l’éthique saine d’un homme qui est à la fois un créateur et un individualiste. Elle suppose une sensibilité extrême à toute forme de nourriture spirituelle, mais aussi une crainte non moins exacerbée face à toutes les orgies célébrées par la communauté, essentiellement face à celles où se manifeste l’âme collective, une sorte de psychose de masse. C’est là le point le plus délicat de ma morale. Autour de lui se concentrent en effet tous les conflits qui opposent la personne à la communauté, l’âme individuelle à la masse, l’artiste au public. Moi qui suis désormais vieux, je n’oserais pas réitérer aujourd’hui encore ma profession de foi individualiste si, dans le domaine spécifique de la politique, mes susceptibilités et mes intuitions souvent blâmées par les gens normaux et irréprochables ne s’étaient pas révélées justifiées de façon terrifiantes. J’ai vu bien des fois des salles entières, des nations entières être prises d’une ivresse et d’un délire faisant de la multitude des personnes un peuple uni, une masse homogène ; j’ai vu disparaître alors toute forme d’individualité, j’ai vu des centaines, des milliers, des millions de gens transportés par l’enthousiasme de la communion, de la fusion de toutes les pulsions en une unique pulsion collective, envahis par un désir de dévouement, d’abandon de soi, par un élan héroïque s’exprimant d’abord par des appels, des cris, des scènes de fraternisation pleine d’émotion et de larmes, puis finissant dans la guerre, la folie, et un immense flot de sang. Mon instinct d’homme à la fois individualiste et artiste m’a toujours prévenu de la manière la plus radicale contre cette capacité des êtres à se laisser enivrer par la souffrance collective, la fierté collective, la haine collective, l’honneur collectif.

Hermann Minet

Hesse et un minet