Archives de novembre, 2013

Mardi 12 novembre. Lausanne, Les Docks. Date de la tournée de Steven Wilson pour son 3e album solo, A Raven That Refused to Sing (And other stories).

.

On arrive une demi-heure avant l’ouverture des portes parce que je me suis un peu trompé dans l’horaire. Mais c’est pas bien grave, il ne fait pas vraiment froid et ça nous laisse le temps de manger nos super sandwichs. La conception était de moi, mais faut l’avouer, l’idée de griller les courgettes était de G. Sinon c’est cool, M. ne fait pas de réaction de rejet vis-à-vis du tofou lacto-fermenté.

Après une fouille rapide, et un remisage obligatoire d’appareil photo à la consigne, nous voici dans Les Docks. Au dedans, pas de pirates fantômes ni de fantômes pirates, mais de beaux volumes et un devant de scène encore bien dégagé. Nous serons au deuxième rang. Pas mal…

Crunch crunch, moi, le plus lente mangeur de la Terre, finis d’avaler mon sandwich.

.

L’heure approche. Je suis nerveuxe, parce que mon niveau de fanitude Wilsonesque a constamment augmenté dans les jours qui ont précédés. J’ai vu des morceaux de live des interviews, j’ai écouté deux des ses albums et je suis entrain d’apprivoiser le troisième (chronologiquement, le premier). En fait, ça a commencé à être SÉrieux avec Anesthetize, un morceau qu’il joue avec l’un de ses groupe (<3 Porcupine Tree ❤ – oui, avec des ptits cœurs, eux ça fait quelques années que je les aime bien). Au début, je ne l’écoutais jamais jusqu’au bout. Je devais zapper au moment où ça part en « cacahuète » ; genre où le coté métal prog rattrape le coté rock prog, avec de l’instru ‘bien noisy’ entre deux volées de lyrics. Moi vous savez, je manie ces concepts en amateur, alors je vais essayer d’être plus clair ; un style de musique peut être qualifié de progressif lorsque qu’il rassemble des éléments tels que complexité de composition, influences musicales diverses (jazz, musique classique…), instruments inhabituels, morceaux longs voir très longs… Wiki en parle plutôt bien.

.

Bref, c’est pas ce qu’il y a de plus accessible. Pour ce qui est de la musique de Wilson en solo et de Porcu, il y a les éléments prog, mais selon mon point de vue il y a des moments plus « simples que d’autres » qui permettent de rentrer dedans. Une fois que l’on y est, avec un peu d’insistance et une base d’affinité pour le rock et les trucs qui sortent de l’ordinaire, il est possible que l’on finisse par adorer.

steven_wilson_2-500x276

Mais revenons au concert.

Je ne vérifie plus l’heure qu’il est, j’attends. Une vidéo se lance sur l’écran qui couvre l’arrière de la scène. Plan fixe sur un mur de brique et un défilé de passants. Un homme emmitouflé dans un manteau d’hiver, portant chapeau et écharpe s’arrête devant le mur. Il boit un café. Il sort une guitare sèche. Ses cheveux sont bruns « mais » attachés en queue de cheval, ce qui n’est pas assez typique du « style Wilson » pour que je puisse être certain que ce soit lui. Lorsqu’il commence à jouer Trains, alors, là… Lorsqu’il arrive en chair et en os sur scène et qu’il accompagne le jeu de son double en 2D, alors, là… Ça commence, pour de vrai !

Trains, ce hit de Porcu… J’avais plaisanté sur le fait que ce pourrait être une des chansons que je réclamerais si, finalement, j’allais le voir en concert (bien que ce ne soit pas un de ses morceaux à lui tout seul, bien que ce soit cliché de plébiscité un hit plutôt qu’un morceau-super-pas-connu-voyez-comme-je-suis-connaisseuse-et-exigeant).

Entrée fracassante donc, scotché je l’ai été mais quelque chose clochait un peu : Wilson n’était peut-être pas au mieux de sa forme ; il assurait mais n’était pas tout à fait à l’aise. Ce n’est pas une machine, impossible de lui en vouloir :] Et puis, son humeur s’est visiblement améliorée durant le concert.

.

Enchaînement sur Luminol – durée : 12/13 minutes – bel exemple de piste majoritairement instrumentale où il faut « s’accrocher » lorsque l’on n’est pas familier avec ce style. Beaux moments au piano. Envolées de flûte. Jeu de basse de début sec et rapide. Riff de guitare entêtant.

Wilson a écrit cet album en pensant aux musiciens qui le joueraient avec lui et ça se sent, ils apparaissent sous leur meilleur jour et leurs instruments sont tour à tour mis en valeur – tout ça en gardant une belle harmonie d’ensemble !

http://www.youtube.com/watch?v=tlWv9tlaMAk

b1a1d5ab73f50e7b726714f5ddfae

Wellwellwell, je ne vais pas commenter le concert dans son intégralité.

J’ai un faible pour les morceaux les plus posés et mélancoliques ; pour moi, Drive Home et The Raven that Refused to Sing sont des merveilles. Mélodies imparables mais pas non plus trop catchy – elles restent élaborées et raffinées. Histoires d’êtres aimés perdus à jamais, souvenirs qui hantent.

Les clips sont très beaux (et horrible(s), comme dirait M.^^) :

http://www.youtube.com/watch?v=u4XevlloPY4

http://www.youtube.com/watch?v=ycYewhiaVBk

.

The Watchmaker est (aussi) un des morceaux que j’ai préféré. Enrubannée dans sa mélodie continuellement mouvante, j’étais grisé. Le saxo est discret mais il ajoute vraiment de l’épaisseur au tout. Final qui envoie, histoire de conclure en grande pompe, et d’illustrer la conclusion tragique de l’histoire.

http://www.youtube.com/watch?v=2Hp6lYx4Fvw

Index. De belles images dans le style du clip ont été projetées. J’aime énormément, particulièrement, l’ambiance de ce morceau. Instrumentation minimaliste, froide, en rapport direct avec les paroles. Chant captivant, presque parlé. Confession d’un collectionneur qui ne vit que pour amasser des objets… et des êtres.

http://www.youtube.com/watch?v=dte3-sSkWic

.

Nous faisons de la musique triste mais nous le prenons avec humour. L’histoire du Lapin troll.

Un concert vivant.

Au début du concert, après de mignons « Bonsoir, merci beaucoup », Wilson nous précise qu’il ne parle pas français. Ce n’est pas un soucis pour moi et les autres anglophiles ; sa diction est excellente. C’est d’ailleurs super gratifiant d’écouter ses interview et de tout capter. Ou est-ce parce que je me suis habituée à son accent que je le trouve si compréhensible ?^^

Il y a eu plusieurs interludes entre les morceaux. Lors de l’une d’entre elle, Wilson explique qu’il n’est pas très doué en solfège (mais oui mon petit, nous te croyons!) et que du coup, pour donner des instructions aux musiciens, il utilise des images. En guise d’exemple, il commence à dépeindre l’histoire d’un gars suédois perdu dans une forêt … il demande à Govan d’improviser à la guitare, au fur et à mesure ; air triste … ce suédois apprend que sa femme le quitte et emmène les enfants avec elle … mélodie plus triste encore … le suédois rencontre des animaux dans la forêt et communie avec eux … mélodie plus joyeuse … les animaux s’enfuient parce qu’arrive un troll enragé (« rabid troll » et non pas « rabbit troll » comme ce que j’ai jovialo-naïvement cru comprendre – j’avais Mumin Troll en tête^^) …

Govan, comme les autres musiciens, n’a quasiment pas dit un mot. Mais, comme les autres musiciens, il avait des expressions et un air sympathiques en général – mimant notamment l’incompréhension et la surprise quand Wilson lui demandait d’improviser^^.

.

Plus tard dans le concert, cette histoire sera poursuivie avec Holzman (le claviériste) dans le rôle de l’interprète pris au dépourvu … Notre suédois arrive dans une clairière (qui se dit « glade » – devant l’incompréhension de certain.e.s (moi compris) il explique ce que c’est, ajoutant « Je ne suis pas sûr moi-même de la signification de ce mot », ^^) … Il y trouve un mellotron. Wilson nous demande si nous connaissons cet instrument puis en donne la définition (j’avais déjà été le demandé à Wiki suite à l’écoute de Mellotron Scratch (morceau de Porcu) :}) … Le suédois joue d’anciennes mélodies … Holzman joue des morceaux de morceaux que je n’ai pas reconnu (→ M. ? ) … puis le début de la chanson suivante, poursuivant le set.

.

Nouveaux morceaux.

Avant de commencer à jouer l’un des nouveaux/futurs morceaux, Wilson lance « Certain.e.s d’entre vous prennent des vidéos et ça ne pose pas de problème, mais s’il vous plaît n’uploadez pas les nouveaux morceaux sur internet parce que j’aimerais qu’ils restent des surprises pour celleux qui écouteront le prochain album ». Fair enough^^. Il poursuit en disant que la chanson n’a pas encore de titre, et qu’il est ouvert à nos propositions. Dans le brouhaha, il retient « Swiss cheese » mais n’en semble pas très convaincu^^. Une autre nouveauté sera jouée pendant le rappel. Il précisera que celle-ci par contre a déjà un nom ; Happy return.

25861_large

Les pieds nus.

Wilson a pour particularité de jouer pieds nus. De jolis pieds qui aurait probablement intéressés L.^^

(infos wiki : ) Il se rappelle avoir dédaigné les chaussures dès l’enfance et ajoute que c’est pratique pour utiliser les pédales de ses guitares.

Ce n’est pas toujours très safe, mais rien ne semble pouvoir le dissuader de continuer^^ : « « I’ve stepped on nails, screws, drawing pins, stubbed my toe, I’ve come off stage with blood just coming out… I mean, I’ve had it all mate, but to be honest, nothing’s going to stop me. » »

.

Divers.

À un moment du concert, une toile diaphane tombe entre la scène et le public. Les images se retrouvent projetées dessus, le groupe se devine derrière. La toile tombe avant la fin du concert.

Les claviers étaient habillés de beaux coffres de bois.

Les jeux de lumière étaient travaillés.

.

Wilson sera vu avec une Red Bull à la main, puis avec un gobelet rempli d’une sorte de boisson brun clair. Une fan et pseudo puriste de la bouffe comme moi en a été un peu attristé – puis nous avons constaté qu’au bar, il n’y avait que très peu de choix en matière de boisson non-alcoolisée ; c’était Red Bull ou coca ! Et puis ce n’était pas donné. En somme, le seul reproche que l’on peut faire à cette salle de concert.

Il faut que M. vous parle de l’unisson de basse Beggs/Wilson. Moi, à part dire que Wilson avec une basse je ne pouvais que kiffer je n’ai pas grand chose à ajouter.

MG_4404

Conclusion.

Bien qu’amateur de musique, je ne vais pas très souvent voir des concerts. J’aime avoir un rapport plus « personnel » avec la musique que j’écoute. Pourtant j’ai été convaincue et charmé par cette performance parce qu’elle était non seulement impressionnante, mais de plus chaleureuse, maîtrisée et… émotionnante. En plus j’étais avec des gens cool, dans un endroit cool… Du souvenir qui rocks, ce qui m’a donné envie d’écrire cette tartine de texte sur ce blog si prometteur.

.

Line-up.

Steven Wilson : chant, guitare sèche et électrique, basse, claviers (mellotron ?)

Nick Beggs : basse, choeurs, chapman stick

Adam Holzman : claviers (selon le wiki de l’album : minimoog, orgue Hammond, piano)

Theo Travis : saxophone soprano, flûte traversière

Guthrie Govan : guitare

Marco Minnemann : batterie, percussions

.

Set list. (doit être à peu près valable)

. Introductory Video (Bass Communion song) (??)
. Trains (Porcupine Tree song)
. Luminol
. The Holy Drinker
. Postcard
. Drive Home
. Untitled New Song
. The Watchmaker
. Index
. Harmony Korine
. Raider II
. The Raven That Refused to Sing
Encore :
. Remainder the Black Dog
. Happy Returns
. Ljudet Innan (Storm Corrosion song) (??)

http://www.setlist.fm/setlist/steven-wilson/2013/les-docks-lausanne-switzerland-7bc48e0c.html

3pdsu6

Henry Maret, chroniqueur de la fin du 19ème siècle, republié plus récemment par Gatuzain, m’enthousiasme. On voit dans cet extrait de ses Carnets d’un sauvage combien prévisible était l’état du monde tel que nous le connaissons : beaucoup d’or mais point de carotte.

« Tout diminue », dit-on à propos du timbre de deux sous. Tel n’est pas l’avis de ma cuisinière, qui trouve que tout augmente.

Il est vrai que notre correspondance, nos transports, nos vêtements, nos journaux, et surtout notre argent diminuent de valeur chaque jour. En revanche, nous payons un pigeon trois fois ce qu’il coûtait il y a quarante ans ; le prix du loyer a quadruplé, et quand on met une bûche au feu, c’est comme si l’on y mettait un billet de banque.

Il n’est donc pas exact de dire que de plus en plus, la production augmentant, les choses sont meilleur marché. Cela est vrai pour le superflu, mais c’est le contraire qui est vrai pour le nécessaire. Nous pouvons nous procurer une dentelle à meilleur compte qu’autrefois, mais tout ce que nous consommons est beaucoup plus cher, et l’on voit venir le moment où il n’y aura plus que les millionnaires qui pourront se permettre de coucher ailleurs que sous les ponts.

L’humanité ne tardera pas à se trouver dans la situation du roi Midas, qui avait beaucoup d’or, mais qui n’avait point de carottes. On donnera pour rien un ticket pour Le Havre au malheureux qui n’aura pas mangé depuis trois jours et qui réclamera vainement une sardine au-dessus de ses moyens. Et déjà nous voyons s’ouvrir de nombreuses bibliothèques gratuites pour des gens dont l’appétit est loin d’être satisfait, et à qui l’on offre la lecture des Pandectes en guise de saucisson.

Comment, toutes choses diminuant de prix, la vie coûte tout de même beaucoup plus cher, c’est ce qu’expliquent admirablement les économistes, qui nous prouvent à force de statistiques que nous devons nous considérer comme très heureux de cet incontestable progrès.

D’ici à un siècle, les hommes seront abondamment pourvus de tout ce dont ils pourraient se passer, et leur vie sera délicieuse. Seulement, ils n’auront plus de quoi vivre.

Non, quand même pas ? Ben si.

Publié: 12 novembre 2013 par Spangle dans pas mémorable, vidéo
Tags:, ,

« Tu mets ce que tu veux » : démonstration.

Keskeucé l’os qui mord ?

Publié: 8 novembre 2013 par loskimort dans poèmes
Tags:, ,

L’os qui mord, c’est toi, c’est nous.

C’est des mots des idées des volontés

des sentiments des moments

des mélanges du grabuge

du gras qui bouge

du beurre dans les épinards

du pinard

du pinaillement

des piaillements

des paillettes

des mirettes

des étoiles

allez c’est ce qu’on veut

viens on met les voiles

met ta cape si t’es cap

ça décape

ça décapsule

ça bouscule

ça bouture

ça claque dur

ça reste obscur

ça sera jamais clair

ça sera jamais fini

tant mieux ou tant pis

ce qui est dit est dit

c’est déjà ça de pris.

En gros.